Quand la station d'épuration de la Jourdarnnière au Val-Saint-Père devient un refuge pour la nature...
La communauté d'agglomération Mont Saint-Michel - Normandie compte une soixantaine de stations d'épuration réparties sur l'ensemble du territoire. Leur rôle est de traiter les eaux usées, c’est-à-dire d’épurer l’eau potable qui a été utilisée et souillée par les activités humaines, avant de la rejeter dans le milieu naturel.
Des écrins de nature où les animaux trouvent refuge. A la station de la Jourdannière au Val-Saint-Père, la communauté d'agglomération et STGS, qui gère le site, ont engagé une réflexion sur la préservation de la biodiversité depuis février 2023, en appui avec le Groupe Ornithologique Normand.
Tout est parti d'une rencontre entre Jean Collette, bénévole du Groupe Ornithologique Normand, une association qui étudie et protège les oiseaux dans 375 sites différents en Normandie (parcs, fermes, jardins privés…), et l'entreprise STGS qui ont compris qu'ils avaient matière à travailler ensemble au sein des stations d'épuration. En février 2023, ils ont donc signé une convention dans le but de créer un refuge et de répertorier les différentes espèces sauvages présentes sur les lieux.
55 espèces d'oiseaux répertoriées
Depuis un an, Jean Collette a relevé 55 espèces différentes en 20 passages, répertoriés dans une cartographie. La station, proche de l’herbu et bordée d’une ligne de vieux peupliers, se prête bien aux oiseaux. La prairie humide de l’herbu, surtout en période hivernale où de grandes flaques d’inondation sont attractives, accueille des grands groupes de mouettes rieuses, d'étourneaux, de grandes aigrettes, de hérons garde-bœufs, ces échassiers d'ordinaire plus courants en Afrique … La poule d’eau est rencontrée dans l’herbu en hiver et occupe le bassin de régulation en entrée de station le reste de l’année. Ce bassin est également fréquenté par le canard colvert, la bergeronnette grise, le héron cendré et l’ouette d’Egypte.
La mise en place d’une gestion douce
Que les oiseaux sauvages aient élus domicile à la Jourdannière, malgré une activité humaine, n'est pas le fruit du hasard. L'équipe assainissement de la communauté d'agglomération Mont Saint-Michel - Normandie et STGS gèrent le site dans un souci de préserver l'habitat naturel des espèces sauvages.
Les ronciers débordant de la clôture n'ont pas été broyés, laissant le champ libre à la fauvette à tête noire et au pouillot véloce pour y bâtir leurs nids. Le rat des moissons y a construit son nid au pied. L'insecte nommé vulgairement « crache sang » a confié ses descendants au gaillet de la haie, là où l’entretien au broyeur des bords de routes ne les détruira pas. Une partie des pelouses n'a pas été tondue pour le plus grand bonheur de certaines espèces comme la bouscarle de Cetti. A l'automne, les champignons Helvelles y sortent de terre. La pelouse mise hors tonte a donné le temps de fleurir et de donner des graines à quelques fleurs.
Créé en 2009 par l'homme pour recycler les eaux usées, la station de la Jourdannière laisse donc la nature reprendre ses droits ou, comme le résume Jean Collette, “la laisse en libre évolution”.
Une expérience à multiplier
A l'échelle de la Normandie, seules 4 stations d’épuration se sont engagées dans ce processus de préservation de la biodiversité avec le GONm. L'expérience de la station de la Jourdannière est très positive : la direction de l'assainissement envisage donc de réitérer l'expérience dans d'autres stations du territoire.
De gauche à droite : Karine Dupays, directrice de l'assainissement, Catherine Brunaud-Rhyn, vice-présidente déléguée à l'assainissement,
Jean Collette, bénévole pour le Groupe Ornithologique Normand, Thierry Tribouillard, Directeur général de STGS